Papa et Maman parlent plusieurs langues, c’est chouette mais il va falloir se mettre d’accord sur une méthode pour gérer le multilinguisme à la maison ! Comment transmettre cette richesse aux enfants ? Nous vous proposons de découvrir les 2 méthodes les plus efficaces pour développer le bilinguisme dans la famille.
Choisir la méthode idéale pour vos enfants polyglottes
Bébé arrive bientôt et vous vous demandez : « comment allons-nous enseigner nos deux langues maternelles à notre petit bout ? ». Ou encore, vous parlez une langue, mais vivez dans un pays dont la langue est différente. Surtout, pas de panique ! Votre enfant parlera et, s’il grandit en 2 langues, par exemple si son quotidien se fait en italien et en français, il comprendra et s’exprimera en italien et français. Et puis, des enfants qui s’épanouissent dans un cadre plurilingue, c’est une chance inouïe pour toute la famille.
Maintenant, il s’agit de savoir comment vous allez vous y prendre pour imposer plusieurs langues de manière douce et efficace. Il existe plusieurs stratégies utilisées par les familles plurilingues pour assurer à leurs enfants de devenir bilingues et certaines en changent au fil du temps. Dans ce contexte, comment choisir les techniques que vous allez adopter chez vous ? Multilinguisme à la maison : commençons par découvrir les 2 méthodes les plus répandues pour transmettre plusieurs langues à des enfants !
2 méthodes efficaces pour les familles multilingues
OPOL et MLAH sont les 2 méthodes les plus adoptées par les familles polyglottes. Voici leurs caractéristiques.
La méthode OPOL, la plus répandue
La méthode OPOL, One Person One Language en anglais, est la méthode la plus populaire dans les familles plurilingues, environ 40% d’entre eux l’ont choisie. De façon assez simple, cette méthode propose que les deux parents s’adressent à leurs enfants chacun dans leur langue maternelle.
À qui s’adresse la méthode OPOL
Parfaite pour les familles dont les deux parents n’ont pas la même langue maternelle, la méthode OPOL se pratique à la maison et en-dehors.
Prenons l’exemple d’un couple de parents qui vit en Italie, le pays d’origine de la maman. Le papa est né à Toulouse et il est pour lui crucial de enseigner sa langue maternelle, le français, à son enfant. La maman, quant à elle, parle italien. Cette langue est d’autant plus importante pour la famille qu’ils vivent en Italie. La méthode OPOL est alors idéale. Le fait que le père s’adresse à son enfant en français et non en italien permet au petit de bien différencier la langue maternelle de la langue paternelle et d’apprendre plus rapidement à évoluer dans les deux langues.
C’est d’autant plus intéressant si l’enfant est exposé à 3 langues : les 2 langues maternelles de ses parents et la langue du pays d’accueil où vit la famille. Chaque parent pourra ainsi transmettre sa langue, avec éventuellement l’aide de l’école s’il est possible de choisir une école bilingue.
ALLER PLUS LOIN » Nous vous aidons à vous orienter dans notre rubrique sur les écoles bilingues et programmes scolaires internationaux en France. Annuaire des écoles, choix des sections étrangères, cursus et baccalauréats internationaux… on vous explique tout!
Quels sont les avantages et les inconvénients de la méthode OPOL ?
Le principal avantage de la méthode OPOL est qu’elle permet aux deux parents de développer avec leurs enfants une communication riche intégrant les subtilités du langage. En effet, si les deux parents s’expriment dans la langue qui leur vient de façon naturelle, les échanges seront spontanés, plus doux et plus approfondis.
D’autre part, il est très facile pour l’enfant de comprendre que quand Papa parle, par exemple, c’est du français. Et quand c’est Maman qui s’adresse à lui, c’est de l’italien. Bébé sachant déjà différencier la voix et la langue des deux parents dans le ventre de sa mère, il est tout naturel pour lui de distinguer les 2 langues.
Par contre, si on garde l’exemple du père français et de la mère italienne, il est évident que si l’un des deux parents ne comprend pas la langue de l’autre, la communication familiale pourrait s’avérer moins fluide.
Autre inconvénient, pour qu’un enfant acquière le bilinguisme, il doit pratiquer les 2 langues de façon active au quotidien ou presque, nous vous expliquerons la notion de « règle des 25 heures » un peu plus loin. Si l’un des deux parents n’est pas très présent, alors l’apprentissage de sa langue risque d’être beaucoup moins efficace avec la méthode OPOL.
MLAH (ou MILAH), une autre méthode reconnue
On parle ici de MLAH mais certains l’écrivent MILAH ou encore ML@H. Dans la méthode MLAH, Minority Language At Home, les familles multilingues ne s’expriment que dans une seule langue à la maison : la langue « minoritaire ». Cela permet aux enfants d’être davantage exposés à cette langue-là. Cette technique unit toute la famille autour d’une seule langue, même si les parents ne partagent pas la même langue maternelle.
La méthode MLAH, pour qui exactement ?
La méthode MLAH est idéale pour un couple qui sait très bien parler l’une des deux langues parentales et qui souhaite garantir le bilinguisme de ses enfants. Par exemple, imaginons une famille qui vit en Allemagne. Le papa est allemand et la maman péruvienne, mais ils savent tous les deux parler espagnol. En choisissant la méthode MLAH, les parents décident de ne s’exprimer qu’en espagnol à la maison afin de garantir l’apprentissage de la langue maternelle de la maman. L’allemand, quant à lui, est pratiqué tous les jours, à l’école, lors d’activités extra-scolaires ou avec les amis.
Elle est aussi utilisée par des parents parlant la même langue et vivant dans un pays où la langue officielle est différente. Ainsi des parents francophones expatriés aux États-Unis par exemple, n’auront pas trop à se soucier de l’apprentissage de l’anglais si leurs enfants sont dans une école locale, mais plutôt de la transmission de la langue « minoritaire », le français.
ALLER PLUS LOIN » Découvrez dans notre rubrique Vivre à l’étranger plein de ressources et de conseils pour transmettre le français à ses enfants lorsqu’on vit à l’étranger.
Quels sont les avantages et les inconvénients de la méthode MLAH ?
L’avantage majeur est de contrer le problème d’exposition trop peu fréquente à une langue, que nous évoquions avec la méthode OPOL. Avec cette stratégie, on renforce la langue dite minoritaire.
De plus, dans les familles plurilingues dont les parents parlent chacun leur langue avec les enfants, si un parent ne maîtrise pas bien la langue de l’autre, il arrive qu’il se sente à l’écart. La méthode MLAH a l’avantage d’inclure toute la famille.
D’un autre côté, adopter cette méthode signifie qu’un des deux parents décide de ne s’exprimer que dans la langue de son ou de sa conjointe. Il s’agit alors d’accepter le risque de faire face à certaines frustrations. En effet, les échanges avec l’enfant peuvent être moins spontanés que s’ils étaient dans sa langue maternelle.
Naturel, souplesse et bienveillance pour une éducation polyglotte
Alors concrètement, méthode OPOL, méthode MILAH, ou un mix de stratégies pour guider votre famille multilingue ? Comment se décider et est-ce risqué de changer de méthode ? Place à la souplesse et à la bienveillance…
Une méthode à suivre sur le long terme
Grandir dans le bilinguisme est une richesse inouïe pour les enfants mais cela nécessite des efforts de toute la famille, sur le long terme. Alors autant opter pour la méthode qui sera bien adaptée à votre famille, pour que la transmission se fasse le plus en douceur possible.
Le moyen choisi doit d’abord être ce qui semble le plus naturel pour les parents et pour les enfants. Le langage est un outil essentiel de la communication, du lien et de la confiance entre les différents membres d’une famille. Il est donc crucial d’être à l’aise et de s’exprimer avec une langue de cœur.
Ensuite, lorsque le spontané a généré un choix, il s’agit de s’y tenir ! Pour limiter les contraintes, considérez cette stratégie un peu comme un jeu, et imposez à vos enfants les règles linguistiques comme les règles d’un jeu. La consistance est la clé du multilinguisme en famille.
Est-il possible de changer de méthode ?
Rongés par la culpabilité pour un oui ou pour non, les parents ont tendance à l’oublier : ils ont le droit de changer d’avis ! Le fait qu’il soit important de rester consistant ne signifie en rien que vous n’avez pas le droit de passer à une autre stratégie.
Avec le temps la situation familiale évolue, et la méthode choisie peut s’avérer compliquée à suivre, voire impossible. Ainsi, si vous déménagez dans un autre pays et que le système scolaire de vos enfants change, l’immersion quotidienne change aussi et il sera alors pertinent d’étudier si la méthode choisie convient toujours.
Ou bien, avec la pratique on constate que la technique adoptée n’est pas optimale, pour l’ensemble de la famille ou pour un nouvel enfant. Choisir la méthode MLAH par exemple, implique qu’un des deux parents ne s’adresse pas à son enfant dans sa langue maternelle. Cela peut causer en lui des frustrations et lui donner envie de lâcher l’affaire, ce qui serait vraiment dommage !
Il est évident qu’il est plus simple pour tout le monde de conserver des habitudes acquises et de continuer sur le long terme à communiquer avec ses enfants selon les mêmes règles. Cependant, si on constate qu’un changement serait opportun, il ne faut pas hésiter, les enfants ont une capacité d’adaptation exceptionnelle pour ce qui touche les langues, même petits ils sauront vite faire la différence.
Le multilinguisme à la maison avec des enfants très différents
Tous les enfants sont différents et la tendance est de prendre de plus en plus en compte leurs différences en leur proposant des outils personnalisés en fonction de leur personnalité et de leur histoire de vie ! On parle de pédagogie différenciée, qui s’adapte aux besoins de chaque enfant, favorise considérablement l’apprentissage, et booste la confiance de nos enfants.
Il est important, autant pour les enseignants que pour les parents, d’accepter que chaque enfant n’ait pas la même appétence et les mêmes facilités linguistiques. Une méthode qui convient à l’un ne portera pas forcément ses fruits avec un autre. De plus, en grandissant les choses se compliquent parfois. Un enfant peut rejeter une langue, ne pas voir l’intérêt du bilinguisme, avoir un trouble du langage qui interroge les parents.
C’est la vie et ses richesses ! Ainsi dans certaines familles, la méthode pour transmettre le plurilinguisme n’est pas la même pour tous les enfants. C’est certain, ce n’est pas le choix de la facilité mais sur le long terme, cela n’en sera que plus bénéfique.
Choisir une méthode et éviter les pièges du multilinguisme
Nous avons vu que les 2 méthodes principales ont chacune leurs attraits :
- La méthode OPOL présente beaucoup d’avantages pour les familles dont le couple parental ne partage pas la même langue maternelle.
- MLAH est une stratégie idéale pour deux parents qui savent très bien parler une même langue.
Il existe d’autres stratégies comme par exemple, associer une langue à un moment ou un endroit. C’est la méthode « Time and Place », qui permet notamment d’introduire plus de langues en décidant de parler une troisième langue le soir, le week-end, chez les grands-parents, etc.
La stratégie que votre famille décidera de mettre en place est affaire de naturel, de choix, et aussi de contexte. Et même si vous pouvez changer de méthode, il faut éviter le piège classique : mixer trop de stratégies en pensant gagner en efficacité. Si les règles ne sont pas claires, elles auront moins de chances d’être suivies !
Certaines familles ne veulent pas s’imposer de règles strictes et laissent faire le naturel, même si les enfants mélangent les langues lorsqu’ils s’expriment. L’inconvénient est que l’enfant choisit toujours la facilité et la langue minoritaire pourra vite se faire absorber par la langue qu’il parle à l’école et avec ses copains.
C’est un problème qui sera plus difficile à solutionner au fur et à mesure que l’enfant prendra l’habitude de parler la langue qu’il veut, avec qui et quand il veut. Et malheureusement c’est un point crucial, car il faut être exposé régulièrement et suffisamment à chaque langue pour acquérir le bilinguisme.
La règle des 25 heures pour assurer le bilinguisme des enfants
Les professionnels du développement du langage chez les tout-petits préconisent environ 25 heures de pratique hebdomadaire pour acquérir une langue et la parler couramment. Ainsi, quelle que soit la méthode choisie pour transmettre plusieurs langues à vos enfants, on considère qu’il faudra appliquer cette « règle des 25 heures » comme une condition et un facteur de succès.
Il faut bien sûr rendre cette règle flexible et la personnaliser en prenant en compte le quotidien de l’enfant, sa personnalité et le mode de vie de la famille. Il est parfois difficile de créer les conditions favorables à une telle exposition de l’enfant à la langue dite minoritaire. Seuls les parents peuvent décider de changer un élément du quotidien pour rééquilibrer la donne, leur rôle est fondamental et cette règle des 25 heures est là pour les aider dans la gestion du multilinguisme familial.
Notons aussi qu’un travail d’écoute ne suffit pas à enseigner une langue à un enfant, l’exposition étant trop passive pour eux. Il faut les motiver à s’exprimer dans les 2 langues. Et comme les enfants sont très pragmatiques, on doit leur donner de bonnes raisons d’apprendre ou de conserver une langue.
Transmettre la langue minoritaire peut être très ludique et assurer des moments d’amusement et d’épanouissement à toute la famille. Tout est imaginable pour y arriver, mais la contrepartie, c’est que les parents s’éparpillent parfois avant de trouver les outils qui conviennent à toute la famille. Aussi, n’oubliez pas que si c’est un combat pour les parents ou un poids pour les enfants, la démarche peut être contre-productive.
Concrètement, comment appliquer la règle des 25 heures?
Puisque les enfants ne vont pas réclamer d’eux-mêmes cette immersion en plusieurs langues, à vous de créer un environnement adapté. Nous présentons sur ce blog de multiples façons de transmettre une langue, que vous habitiez en France ou à l’autre bout du monde, voici un échantillon rapide et quelques tips :
- Engager une garde d’enfants bilingue
Crèches, baby-sitters ou nounou, la garde d’enfants en langue étrangère peut considérablement participer à l’apprentissage de la deuxième langue de votre enfant. - Regarder des films en VO dès qu’ils sont petits, puis écouter des podcasts et de la musique dans la langue en question
Cette technique n’enseigne pas une langue, mais elle est réputée comme très efficace pour faire des progrès à l’oral et enrichir le vocabulaire. - Prendre des cours de langue après l’école
Dans le but de pratiquer la langue et de travailler l’écriture et la lecture, les cours de langue extra-scolaires aident significativement les enfants des familles plurilingues. - Participer à des stages et voyages en immersion linguistique
Les séjours en immersion permettent de booster sur une courte durée l’apprentissage d’une langue. En mettant leur connaissance d’une autre langue à profit dans un environnement ludique, les enfants retiennent beaucoup plus facilement. - Devenir membres d’une communauté
Lorsque la famille s’expatrie, c’est un excellent moyen pour rencontrer des personnes de la nationalité des parents et être tenu au courant des activités, cours, ateliers, etc. mais aussi des festivals et rencontres dans leur langue maternelle. Quel que soit le pays, vous trouverez des groupes ou des organismes rassemblant les communautés internationales. Même aux antipodes ! Une famille française en Australie pourra par exemple devenir membre de l’Alliance française dans 30 villes australiennes.
Envie de plus d’idées ? Téléchargez gratuitement les condensés de Devenir Bilingue, des guides pratiques présentant notre sélection des meilleurs outils adaptés à chaque âge.