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Quel système éducatif choisir en expatriation pour ses enfants ?

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Qui dit expatriation dit… immersion et peut-être… bilinguisme. Pour les adultes, l’immersion ne sera pas forcément totale et, désolée de vous l’avouer, le bilinguisme non plus ! En revanche les enfants ont une chance énorme, leur cerveau a des capacités que celui d’un adulte n’a plus. L’école et les activités extra-scolaires leur procurent une immersion quotidienne, ils ont ainsi de quoi acquérir cette capacité à passer sans effort d’une langue à l’autre selon le contexte, autrement dit ils vont pouvoir devenir bilingues.

La rapidité d’acquisition de la langue dépendra du degré d’immersion, et donc en premier lieu, de l’école. Lors d’une expatriation, les parents font face à des choix cornéliens à commencer par celui du système éducatif. Nous vous guidons dans cet article afin de trouver des débuts de réponse à cette question : « Quelle école choisir pour mon enfant ? »

Un ou plusieurs systèmes éducatifs possibles

Dans certains pays le système éducatif local est trop éloigné du nôtre et le choix des écoles est limité, la plupart des expatriés se retrouvent alors dans les mêmes quartiers et dans une même école, souvent le Lycée Français (qui malgré son nom couvre tous les niveaux). Au moins dans ce cas, pas besoin de se torturer l’esprit !

En revanche dans les pays où une forte communauté internationale est implantée, et où des écoles publiques sont d’un niveau comparable à celui de la France, il faudra choisir entre le système éducatif local et un système bilingue ou international.

Ce choix pourra orienter votre recherche d’un logement pour être proche d’une école bilingue ou tenir compte de la carte scolaire, c’est donc l’une des premières décisions à prendre avant votre départ. Selon votre destination et la communauté française qui y réside, vous aurez plusieurs options :

  • une école publique où l’on parle à 100% la langue du pays. Parfois, des programmes de soutien sont prévus pour assimiler plus rapidement la langue locale (comme le programme ESL -English as a second language- aux États-Unis par exemple).
    Notez aussi que dans certaines régions où le français est une langue importante d’un point de vue historique ou culturel, des écoles créent des programmes spécifiques de français. C’est le cas par exemple de certaines « Charter schools » aux États-Unis.
  • une école bilingue, publique ou privée, qui enseignera une partie du programme en français. Il y a notamment le réseau d’enseignement français à l’étranger (AEFE), qui rassemble près de 500 établissements dans 137 pays, dont les lycées français à l’étranger.
    Si vous allez vivre aux États-Unis, vous aurez le choix entre des écoles privées et aussi de nombreuses écoles publiques proposant des Dual Language Programs. Mais entrer dans ces écoles n’est pas toujours simple… alors on vous explique tout dans l’article Comment intégrer une école bilingue à New York et aux USA.
    En faisant le choix d’une école bilingue, l’avantage est qu’elle se chargera de l’enseignement du français. Si elle est accréditée par le Ministère de l’Éducation nationale, vous n’aurez grosso modo qu’à superviser vos enfants de la même manière que vous l’auriez fait en France. Si l’école n’est pas homologuée, alors il vous faudra probablement soutenir vos enfants davantage ou vous assurer de leurs acquisitions en français.
  • une école internationale où l’enseignement est à 100% en anglais pour rassembler des élèves de toutes nationalités (et où le français ne sera donc qu’une option éventuelle). Si l’enfant est au niveau élémentaire il pourra certainement intégrer ce type d’école même s’il n’est pas bilingue.
  • le « home schooling » (école à la maison, aussi appelé IEF – instruction en famille). C’est une alternative à envisager lorsqu’il n’y a pas de solution qui vous convient dans le pays d’accueil. Cela peut être une période transitoire, le temps d’apprendre la langue et de rejoindre une école locale.

Parmi les Lycées français à travers le monde, l'exemple de celui de Séoul

Les conséquences pour un retour ou une entrée à l’école française

Le choix du système éducatif pendant votre expatriation ayant un impact sur les apprentissages en français, la réintégration dans le système scolaire français sera évidemment plus ou moins simple. L’idée est de conserver un niveau minimum en langue française, et de s’assurer que les enfants pourront rattraper rapidement le niveau de leur classe en France dans l’ensemble des matières, sans perdre une année.

  • Pour ce qui est des écoles publiques, il n’y a que 2 moyens pour que votre enfant intègre de manière garantie la classe de son âge à son arrivée en France :

→ avoir fréquenté un établissement scolaire appartenant au réseau AEFE lui ayant remis un avis de passage favorable vers la classe supérieure. Attention, l’AEFE développe activement son label « France Éducation » pour homologuer davantage d’établissements ou de programmes enseignant en français, mais ceux-ci ne peuvent délivrer d’avis de passage valides en France.

→ avoir validé la scolarité complète à distance proposée par le CNED, qui lui aussi peut délivrer un avis de passage favorable. La scolarité complète à distance est destinée à ceux qui font du home-schooling.

Dans tous les autres cas, n’ayant pas d’avis de passage favorable, la règle est que l’enfant soit admis dans une classe en fonction de son âge et de ses compétences. Pour évaluer ces dernières, les établissements devraient organiser des tests écrits et/ou oraux. Mais dans les faits, cela ne se passe que dans le secondaire, les écoles primaires acceptant généralement les enfants dans la classe équivalent à leur âge. Pour intégrer un collège ou un lycée, il y a généralement des examens organisés par le chef d’établissement, en fonction des modalités fixées par l’académie dont il dépend.

  • Quant aux écoles privées, chacune détermine sa procédure d’inscription et sa façon de juger du niveau de votre enfant. Mais évidemment, un dossier scolaire mentionnant des efforts pour conserver un bon niveau en français aura plus de chances d’aboutir.

 EN SAVOIR PLUS »  Pour aller plus loin sur ce sujet, lisez notre article La scolarité en France après une expatriation : choix d’écoles, inscription, adaptation.

Ainsi si votre enfant n’est ni en « école à la maison », ni dans un établissement français homologué, la meilleure façon d’anticiper un retour dans une école française est de lui faire suivre des cours en complément de sa scolarité, et d’obtenir une attestation de suivi.

Info à noterRassurez-vous, ces programmes de cours à distance adaptés aux expatriés prennent en compte le fait qu’ils soient scolarisés en parallèle dans leur pays d’accueil. Vous choisirez celui qui vous semble correspondre le mieux au profil de votre enfant, pour qu’il en ressorte avec de vrais acquis qui faciliteront son retour en France et pas seulement avec une attestation de suivi ! Lisez cet article jusqu’au bout pour bien considérer tous les éléments qui entrent en jeu.

 EN SAVOIR PLUS »  Pour à la fois acquérir des bases solides et avoir un bon bulletin de notes à présenter aux futures écoles, explorez notre dossier présentant les différents programmes de cours à distance pour enfants expatriés, avec leurs spécificités et nos recommandations.

Un enfant francophone dans une école à l'étranger

Les 4 critères principaux pour choisir un système éducatif

Pour faire simple, voici 4 critères principaux qui doivent entrer en ligne de compte dans votre choix d’école.

1. La durée de votre expatriation

Si elle est courte, une école locale avec une immersion totale en langue étrangère a le mérite de favoriser un apprentissage plus rapide. Certains parents préfèrent justement rester dans un système bilingue pour réintégrer plus facilement une école en France, personnellement je pense qu’il est dommage de ne pas profiter de l’expatriation pour découvrir le plus possible la langue du pays. Même si vous ne continuez pas l’apprentissage ensuite, les acquis serviront à votre enfant dans bien d’autres domaines.

2. L’âge des enfants

Maternelle, primaire, collège ou lycée, chaque âge à ses challenges. Et selon le niveau scolaire qu’avaient vos enfants à leur départ de France, les bases acquises en français sont plus ou moins solides.

Les parents ont tendance à s’inquiéter outre mesure de l’étape de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture. On pourrait croire qu’un enfant qui rentre à l’école et doit apprendre à lire et écrire dans 2 langues aura plus de facilités s’il est dans une école bilingue dont le programme est étudié pour.

En réalité, c’est surtout pour les parents que ce sera plus simple ! Pour l’enfant, il peut tout à fait apprendre à lire à l’école dans une langue et apprendre par ailleurs en français, en parallèle ou en décalé dans le temps. Mais cela suppose d’avoir la volonté et/ou les capacités financières pour ajouter un programme de français à son cursus local, à la maison ou avec une association, un professeur à distance, etc…

Pour un adolescent qui doit bientôt passer son bac, le choix de l’école déterminera en partie la suite de son parcours.
Dans une école publique locale il obtiendra le diplôme du pays, souvent inutile pour des études supérieures en France. Toutefois dans certains pays (et notamment aux USA) des lycées publics offrent la possibilité de passer le bac international (IB).
Ce sera aussi le diplôme visé s’il est dans une école internationale accueillant des élèves du monde entier. Celui-ci n’est pas encore bien reconnu partout en France mais il permet d’intégrer de bonnes universités à l’étranger.
Et bien sûr, s’il est dans un lycée bilingue français, il aura le choix entre le bac français, le bac français option internationale (BFI), et parfois le baccalauréat international.

3. Votre capacité à maintenir le français en-dehors de l’école

Nous l’avons dit et redit, tout est possible pour maintenir le français à l’écrit et à l’oral mais il vaut mieux être raisonnable dans ce projet : si les 2 parents travaillent, les premiers mois seront déjà bien occupés avec l’intégration de chacun dans son nouvel environnement et la fatigue liée à l’immersion linguistique. Mieux vaut alors un programme cadré comme celui d’une école bilingue pour réussir dans les 2 langues.

Si l’un des parents a plus de disponibilité ou si un tuteur/étudiant/au-pair peut aider l’enfant à suivre un programme de français, voire aussi de mathématiques et histoire-géographie, alors il est tout à fait possible d’intégrer le système éducatif local et de réintégrer plus tard le système français.

4. Votre budget

Eh oui, si votre entreprise ne finance pas le coût de la scolarité de vos enfants, c’est un critère souvent déterminant. La plupart des écoles bilingues sont privées et extrêmement chères. La Suisse, le Royaume-Uni, Hong-Kong, Singapour ou les grandes villes américaines sont parmi les pays les plus onéreux, il n’est pas rare que même en élémentaire les tarifs atteignent les 20 000 € par an !

Dans certains pays des écoles semi-privées proposent un programme bilingue qui sera moins onéreux, et parfois il existe même des écoles publiques bilingues de bon niveau et quasiment gratuites (c’est par exemple le cas de New York où encore plus qu’ailleurs la question du « school district » est donc à étudier avec attention).

2 autres éléments à prendre en compte

Pour terminer, nous voudrions partager avec vous 2 de nos convictions qui ne viennent pas forcément à l’esprit des futurs expatriés.

1. Le français se perd aussi vite que la seconde langue s’apprend

Rappelons que devenir bilingue signifie d’une part apprendre à parler couramment une langue étrangère et d’autre part conserver sa langue maternelle à un excellent niveau. Et aussi étrange que cela puisse paraître, en expatriation le français nécessite souvent plus d’effort que la langue étrangère.

En effet, les enfants expatriés sont exposés tous les jours à la langue du pays où ils vivent, alors que si l’école n’est pas bilingue, le français n’est pratiqué qu’à la maison. C’est éventuellement encore plus difficile pour les enfants de couples mixtes si la langue dite minoritaire n’est pas fréquemment parlée au sein du foyer (ceux-là en revanche ont eu la chance d’entendre depuis leur naissance 2 langues et ils deviendront naturellement bilingues si leurs parents veillent à l’apprentissage de ces 2 langues).

S’il y a donc une chose à retenir, c’est que même en arrivant dans une école où la langue parlée leur est totalement inconnue, les enfants s’intégreront tellement vite dans leur nouvel environnement qu’ils en oublieront tout aussi vite leurs acquis en langue française.

Selon Pierre-François, expatrié depuis 8 ans aux États-Unis, même si l’école est bilingue, ce n’est pas simple : « Ce n’est pas parce que votre enfant ira dans un lycée français ou une école bilingue avec de nombreux français qu’il n’aura pas de phases de rejet de la langue française. Bien sûr, il bénéficiera de cours de français qui l’aideront énormément mais quand sa langue de jeu changera, après quelques mois seulement, l’école ne sera pas suffisante et ce sera à vous de faire en sorte que le français reste dans son quotidien ».

Ainsi, pour que vos enfants soient bilingues en vivant à l’étranger, vous devrez absolument prévoir un budget et/ou une disponibilité pour maintenir le français. Nous vous avons parlé plus haut des cours pour expatriés en complément de leur scolarité locale, mais il existe aussi d’autres façons de maintenir le français, même si on ne vise pas un retour dans le système scolaire français. En fonction de l’environnement scolaire et familial de vos enfants, mais aussi de vos attentes concernant leur niveau de français, vous choisirez des méthodes plus ou moins exigeantes.

2. Choisir l’école qui convient à la vie de famille autant qu’à l’enfant

Oui à une éducation bilingue, mais un grand oui aussi à une vie de famille sereine ! Si nous vous conseillons de bien réfléchir au choix de l’école, c’est pour que la scolarité de vos enfants soit en accord avec la vie que vous souhaitez avoir pendant votre séjour en expatriation. Autrement dit, que les contraintes liées à l’apprentissage des 2 langues ne viennent pas entacher le bonheur de cette grande aventure familiale.

Ainsi, si vos week-ends doivent être ponctués de cours de langues pour rattraper un niveau d’anglais trop faible, ou de cours du CNED pour rester à tout prix dans le système éducatif français, pensez-y avant d’imaginer que vous en profiterez pour parcourir le pays et découvrir ses richesses !

Quelque soit votre choix, ayez confiance car les enfants ont une capacité d’adaptation bien plus grande qu’on ne l’imagine et si vous les motivez à l’avance et les soutenez par la suite, ils sauront trouver le meilleur du système éducatif que vous aurez choisi… et de cette expérience familiale inédite à l’étranger.

4 COMMENTAIRES

  1. Noter tout de même que le mois de naissance compte énormément pour les jeunes enfants.
    En effet certains systèmes scolaires comme la France utilisent l’année civile comme âge scolaire, d’autres comme l’Angleterre ou la suisse l’âge de l’enfant a mi-année. Il y a alors un décalage de 6 mois entre les deux systèmes, ce qui fait beaucoup pour un jeune enfants.

    Idéalement les enfants nés aux mois de mars et avril sont les plus a même à passer d’un système a l’autre : les enfants du mois de début d’année seront les plus vieux de leur tranche d’âge en système français. Les enfants de mai juin juillet sont souvent considéré comme trop jeune dans les systèmes scolaires anglais ou suisse. Enfin les enfants nés après la mi année ne pourrons pas passer d’un système a l’autre sans perdre 6 mois en passant une première fois de l’un a l’autre et encore 6 mois en revenant au système initial, d’où 1 an de perdu.

  2. Cet article peut beaucoup aider les parents qui ne savent pas quel système éducatif en expatriation ! J’imagine que ce serait un choix difficile. À mon avis, choisir une école où l’on parle à 100% la langue du pays peut être une bonne idée si l’enfant sait déjà parler cette langue. Sinon, je dirais qu’une école bilingue serait mieux. Avez-vous des conseils pour choisir entre une école publique et une école privée ?

    • Publique ou privée, c’est un choix très personnel qui dépend beaucoup du type d’école privée (laïque, religieuse, élitiste…) et aussi de son coût par rapport au budget familial. Les écoles bilingues sont souvent super mais rarement publiques et gratuites. A notre avis même si l’enfant ne parle pas la langue du pays il peut intégrer une école publique où l’on ne parle que cette langue, il l’apprendra d’autant plus vite. Mais bien sûr, s’il est au collège ou au lycée, il lui faudra de l’aide la première année pour comprendre les cours et les devoirs.

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