Notre dossier sur l’école américaine vous aide à comprendre les différences entre les systèmes éducatifs français et américain : apprentissages, pédagogie, rythme scolaire, etc… de la maternelle au lycée.
Vous envisagez d’inscrire vos enfants à l’école américaine maternelle ou primaire et vous êtes un peu perdu avec le système scolaire américain, à la fois proche mais pas tout à fait identique au système scolaire français. A quel âge commence l’école ? Quels sont les horaires ? Y a-t-il une cantine, un uniforme ? Que vont apprendre les enfants ? Dans cet article vous apprendrez tout sur l’école maternelle et l’école primaire aux États-Unis. Yasmine, maman de 4 enfants et auteure du blog My Bus Jaune, nous fait découvrir ces écoles de l’intérieur.
L’école maternelle aux États-Unis, une structure très différente de la France
Équivalences entre systèmes scolaires américain et français
Aux États-Unis, l’école commence officiellement à 5 ans, au Kindergarten (K). Néanmoins depuis l’administration Obama, de plus en plus d’écoles proposent d’accueillir les enfants à partir de 4 ans en Preschool ou Pre-K. Comme il a été dit dans l’article d’introduction sur le système scolaire américain, celui-ci est très décentralisé et vous observerez beaucoup de variantes d’un état à l’autre. Ainsi en Californie, la moitié des enfants de 4 ans va dans une preschool publique gratuite, ce qui est loin d’être le cas dans le centre des USA.
Le terme preschool désigne donc les années avant le Kindergarten, étape commune du début de la scolarité aux États-Unis.
La Preschool
Les preschools sont généralement des structures privées qui accueillent les enfants de 3 et 4 ans, parfois 2 ans.
L’âge d’entrée
Votre petit bout pourra entrer en Nursery ou Pre-K2 (petite section) dès l’âge de 3 ans révolus au 1er septembre. Le calendrier et les conditions d’admission varieront grandement d’une école à l’autre et d’un état à l’autre. En général, toutes les écoles demandent aux enfants d’être propres (potty trained) pour la rentrée.
Pour le Pre-K (moyenne section), votre enfant devra avoir 4 ans révolus au 1er septembre. Là encore cette date peut varier en fonction des états ou même des counties au sein d’un même état.
Les horaires
En général, les enfants y passent peu de temps : entre 3 à 4h par jour pour la Nursery et entre 3 à 6h par jour pour le Pre-K, avec ou sans déjeuner sur place. Il y a rarement de cantine en Pre-K et, oh joie, vous commencerez à préparer vos premières lunch box si votre enfant déjeune sur place !
Les horaires peuvent-être un vrai casse-tête pour les parents qui travaillent, même si certains états proposent le Pre-K à la journée, c’est-à-dire se terminant à 15h, comme pour les plus grands. Pour les parents qui travaillent, mieux vaut se rabattre sur les structures de day care (crèche), qui ont une plus grande amplitude horaire. Ces structures accueillent les bébés à partir de l’âge de 6 semaines.
Les apprentissages
Les enseignements correspondent à peu près à ce qui est fait en petite et en moyenne section de maternelle en France. Le personnel est diplômé et formé à l’enseignement. L’accent est mis sur la préparation au kindergarten. Les petits commencent à apprendre les lettres de l’alphabet et à compter jusqu’à 10. Ils apprennent à se socialiser par le jeu, à reconnaitre et à nommer les couleurs et les formes géométriques. Ils comptent les cailloux, chantent des chansons, etc… Beaucoup d’apprentissages passent par le jeu et la manipulation, le but est que les enfants aiment l’école. Les journées doivent être fun, le plaisir d’apprendre est essentiel. D’ailleurs, à la maternelle comme en élémentaire et même plus tard, vous entendrez les parents souhaiter une bonne journée à leurs enfants en leur disant « Have fun, I love you!« , un exemple parmi d’autres de la différence culturelle avec la France où on serait plutôt sur du « Travaille-bien, à ce soir ! »
En plus des matières académiques (anglais, maths, histoire), certaines preschools privées vous impressionneront avec la liste des activités complémentaires (enrichment programs) qu’elles proposeront à vos enfants : yoga, cuisine, musique, découverte des animaux en classe, expériences scientifiques, etc.
Vos enfants toucheront, verront et découvriront beaucoup de choses dans une atmosphère positive, où ils seront toujours félicités et encouragés par leurs professeurs et intervenants. Ayez de la place sur vos murs car ils rapporteront beaucoup, beaucoup de productions !
L’implication des parents
Vous serez beaucoup sollicités au sein des preschools : pour lire en classe, tenir un stand à la Bake Fair, Book Fair et autres Festivals, venir écouter vos enfants chanter, ou prendre le petit-déjeuner pour les temps forts de l’année (Halloween, Valentine’s Day, etc). Vous pourrez participer aux différents comités : Gala, Yearbook ou au PTA (Parents Teachers Association). Tous les parents américains participent et parviennent à trouver du temps même s’ils travaillent tous les deux.
Le coût
Les structures privées sont payantes et peuvent être « raides » pour le porte-monnaie. Seule une poignée d’états proposent le Pre-K pour tous et gratuit (Ohio, Floride, Géorgie et Oklahoma). Pour d’autres états encore, c’est gratuit mais à condition de remplir certaines conditions financières.
Le Kindergarten
Ça y est, les enfants sont devenus « grands », une étape est franchie et l’école publique leur ouvre ses portes ! Les enfants font leur rentrée en Kindergarten à l’âge de 5 ans, âge légal de la scolarité obligatoire (les 5 ans doivent être révolus au 1er septembre).
A noter que certains parents « retiennent » (to hold back ou encore give the gift of time) leurs enfants pour leur permettre d’entrer en Kindergarten avec un an de plus par rapport à leurs camarades. Il y a plusieurs raisons possibles : certains parents trouvent que leur enfant n’est pas assez mature ou n’est pas prêt à apprendre de manière plus « académique ». D’autres cherchent à donner à leur enfant un avantage lorsque, au collège ou au lycée, il faudra passer des épreuves pour intégrer les équipes sportives de leur établissement. Lorsque les élèves commencent à l’âge normal, il arrive même que les parents cherchent à faire redoubler le 5th grade à leur enfant, à nouveau pour leur permettre de grandir et de s’améliorer dans leur sport, pour qu’ils soient plus performants (pratique appelée redshirting). Préparez-vous, vous allez découvrir peu à peu tout ce que les parents américains sont prêts à faire pour la réussite scolaire de leurs enfants !
Qu’apprend-on en Kindergarten ?
Bien sûr la réponse varie selon l’endroit où on habite, et également selon l’enfant. Mais globalement, on peut dire qu’à la fin de l’année scolaire, les enfants auront acquis l’apprentissage de la lecture, un peu d’écriture, les additions et soustractions simples, et autres concepts de maths faciles. Les enseignants emploient beaucoup les flash cards, c’est-à-dire des petites cartes bristol sur lesquelles sont inscrits des mots simples (sight words) et que l’on répète tous les jours. Il y a assez peu d’endroits qui pratiquent la méthode syllabique car généralement l’anglais s’apprend par la méthode globale. Les enfants scolarisés aux US savent donc lire en principe avant leurs petits camarades de France. Ils n’apprendront pas l’écriture cursive (ou écriture attachée) comme en France mais l’écriture script.
La lunch box
C’est le moment ou vous irez acheter votre première lunch box, étape obligée avant la rentrée scolaire. Si au début, on trouve ça « exotique » et amusant, la fameuse lunch box se transforme vite en cauchemar pour les parents (disons-le, essentiellement pour les mamans) qui se trouvent vite à court d’inspiration pour offrir des menus appétissants, variés et équilibrés à leurs enfants. Il y a les adeptes du « je prépare la veille au soir » et celles qui comme moi, préfèrent la préparer le matin même. On trouve des lunch boxes de toutes formes et dimensions. Elles peuvent aller du simple brown bag en papier au contenant high tech avec glacière et compartiments intégrés. Ce sujet reviendra fréquemment dans vos conversations à la sortie de l’école. Si vous êtes en panne d’inspiration, vous pouvez vous tourner vers les nombreux sites ou groupe facebook qui vous aideront à vous renouveler, par exemple le blog Lalalunchbox.
Le school bus
Le school bus fait aussi partie du dépaysement. Selon les districts scolaires et la part de leur budget attribuée aux transports, vous pourrez ou non en bénéficier en fonction de la distance entre votre domicile et l’école. Lorsque le bus est proposé, dès l’âge du kindergarten votre enfant ira chaque matin à son arrêt, muni de sa lunch box et de son cartable. Les parents accompagnent les plus jeunes et les attendent également à l’arrêt du bus à l’heure du retour. Plus les enfants sont jeunes et plus l’arrêt sera près de leur domicile, et il n’est pas rare que le bus s’arrête juste devant la maison.
A chaque rentrée scolaire, l’emplacement de l’arrêt est fixé par les services de transport de la zone dont dépend la famille. A noter que le bus est entièrement gratuit 🙂 Au moment de l’inscription à l’école, il existe un formulaire que les parents remplissent avec leur adresse. Ils sont avisés plus tard de la route : numéro du bus et arrêts desservis. Si vous habitez trop près de l’école, vous ne pourrez pas bénéficier du ramassage scolaire, vous serez alors dans la walk zone.
L’uniforme
Le port de l’uniforme est peu fréquent dans les écoles publiques, il est plutôt réservé à certaines écoles privées. Sans aller jusqu’à l’uniforme, c’est-à-dire les vêtements que vous devrez acheter auprès de l’école ou de son fournisseur, vous devrez parfois respecter des dress code, comme par exemple un haut bordeaux et un bas beige.
L’école primaire américaine de 5 à 10 ans
Le cycle de elementary school (parfois aussi appelé grade school) commence donc avec le kindergarten et se poursuit avec le 1st grade pour aller jusqu’au 5th grade, qui marque (en général) la fin du cycle.
L’enseignement du 1st au 5th grade (CP au CM2)
En école primaire, les élèves étudient l’anglais, les maths, l’histoire/géo (ensemble appelé social studies), les sciences et ils font du sport. En règle générale il n’y a pas de langue vivante. L’histoire se résume aussi très souvent à l’histoire de l’état dans lequel se trouve l’école, c’est donc l’histoire très locale… Mes enfants sont ainsi devenus très savants sur l’histoire de la Caroline du Nord, le pirate Blackbeard qui sévissait dans la région, et les premiers colons 😉
Un parcours plus individualisé qu’en France
Comme en France, les enfants ont classe avec un instituteur ou une institutrice jusqu’à la fin de l’école élémentaire. Dans les districts suffisamment riches, et notamment lorsqu’il y a plus de 20 élèves par classe, un assistant aide l’instituteur, parfois même 2 !
Très souvent, il y a déjà des groupes de niveau par matière et il est rare que le maitre ou la maitresse ait un même livre de lecture pour toute la classe. Chaque élève rentre à la maison avec un livre différent. Lorsque j’avais demandé à la maitresse de mon fils qui était en CE1, quel était le livre de lecture utilisé en classe, elle m’avait regardée avec des yeux ronds et m’avait répondu : « Mais comment voulez-vous que j’utilise le même livre pour tous les élèves ? Ils ont tous des niveaux de lecture différents ! ». Effectivement, pourquoi imposer un livre commun à toute la classe quand on a la capacité à s’adapter à chaque enfant ?
Au cours des années de elementary school, les élèves deviennent plus indépendants et approfondissent les notions de base. Très souvent ils travaillent par petits groupes et la disposition des bureaux le reflète : souvent 2 élèves se font face et peuvent échanger leur travail pour se corriger mutuellement. De manière générale, en primaire comme au collège, les professeurs n’hésitent pas à faire bouger les enfants et à changer la disposition de la classe, ici on est plus libre d’innover et d’imaginer des expériences ludiques pour mieux retenir les enseignements.
La technologie à l’école
Technologie et numérique sont très présents dans les classes avec des écrans de télévision et des smart boards (tableaux interactifs dans les classes), l’envoi et la correction de devoirs via les ordinateurs, c’est assez impressionnant ! Les parents reçoivent souvent une newsletter hebdomadaire par email pour informer du programme de la semaine. Ne soyez pas étonné si les vendredi soirs vous recevez des messages vocaux de la part de l’école pour vous prévenir des événements à venir. Je ne parle pas non plus des messages sur Tweeter, bref on sait utiliser tous les moyens de communication et on veut engager les parents dans toutes les activités de l’école.
Alors si vous n’êtes pas fan de techno et êtes restés à l’ère du bon vieux papier, ça va vous changer, prenez l’habitude de consulter régulièrement vos emails sous peine de rater une annonce importante !
Les fournitures
En école élémentaire, il y a peu de fournitures à acheter. Le jour de la rentrée une trousse avec quelques crayons suffit. Les listes de fournitures sont en ligne sur le site de l’école, et pour les étourdis (comme moi !) qui se rendent au supermarché sans leur liste, avec un peu de chance ils pourront avoir la surprise de trouver dans les rayons ladite liste de fournitures par école ! Là, on se dit que les américains ont vraiment le sens pratique… ou qu’ils ne savent plus quoi inventer quand il s’agit de faire consommer leurs clients !
Les notes et les tests standardisés
En élémentaire vous recevrez chaque année 3 à 4 bulletins (report card) électroniques ou papier. Les notes de votre enfant iront généralement de 1 à 4, 4 étant la plus élevée. Les professeurs indiquent par des commentaires l’appréciation qu’ils ont de leurs élèves.
Chaque année ou parfois chaque trimestre (period), les parents se rendent à l’école pour rencontrer les instituteurs(trices) lors des parent teacher conferences. Ils peuvent ainsi se rendre compte des progrès de leur enfant et discuter directement avec l’enseignant(e).
A partir du 3rd grade ou du 4th grade, cela dépend des États, commencent les standardized tests, véritables épreuves-marathon pour les élèves. Ces tests, en anglais, maths et sciences, sont très critiqués surtout par les parents, car ils sont une source importante de stress. Ils durent en général entre 3 et 4 heures et les élèves ne peuvent pas quitter la classe même s’ils ont terminé avant les 4 heures.
Ces examens sont connus sous diverses appellations (EOG, MAP tests etc) et sont destinés à mesurer, non pas seulement le niveau des élèves, mais aussi si l’école est « performante » ou non. En Caroline du Nord par exemple, les bonus des enseignants et le salaire du principal sont indexés sur les résultats de ces tests ! A noter qu’il est parfois possible d’exempter ses enfants des tests, en signant un papier qui leur permet l’opt out.
Les parents, acteurs actifs de l’éducation de leurs enfants
Au cours de l’année scolaire, les parents sont très régulièrement sollicités (certains diraient trop !) pour contribuer : que ce soit une aide présentielle, par exemple venir à l’école faire de la lecture aux enfants ou aider les enseignants à faire du rangement par exemple, ou que ce soit une aide financière : cela s’appelle du fundraising, et c’est souvent surprenant pour les parents français qui découvrent une autre manière de faire.
Ainsi des amies à moi ont fait de la lecture dans la classe de leur fille ou ont même assuré la classe d’ESOL (English for Speakers of Other Languages) ou ESL (English as a Second Language) pour les élèves étrangers – avec bien sûr les supports fournis par la prof « attitrée ». Quant à moi, j’ai été entre autres proctor pour les examens, m’assurant que les conditions de régularité étaient respectées.
La graduation du 5th grade ou la fin du cycle
Les Américains sont friands de cérémonies pour marquer les moments importants. A la fin des années Elementary (c’est-à-dire fin du 5th grade/CM2), toutes les familles, parents et grands-parents, sont invitées à la graduation de leur enfant, une belle cérémonie où les enfants sont sur leur 31 : filles endimanchées avec de belles robes et garçons encravatés. Les 5th graders sont fêtés par l’école entière à l’occasion de la remise de leur « diplôme » et de leur prochain départ pour la middle school. Ils sont serrés dans les bras de leurs enseignants qui leur recommandent de revenir les voir dès que l’occasion se présente. Je dois dire que j’ai trouvé émouvantes ces marques d’affection : l’attachement des enseignants envers leurs élèves est le plus souvent profond et très sincère. Et cela participe certainement à la confiance en eux et à la réussite des élèves.
Maman de 4 enfants, Yasmine et sa famille se sont installés aux USA en 2014, d’abord en Caroline du Nord puis dans la région de Washington DC. Les enfants ont connu les systèmes scolaires français, britannique puis américain. Yasmine a créé son blog MyBusJaune.com pour expliquer les différences entre les systèmes scolaires français et américain, et ainsi aider parents et enfants à mieux vivre leur nouvelle scolarité.
Poursuivez votre découverte de l’école américaine avec notre dossier :
À découvrir aussi : comment mes enfants en école américaine ont conservé leur français avec des cours ludiques et sérieux à la fois…
Cet article est très intéressant !
Par contre, la moitié des enfants de 4 ans ne vont pas à l’école gratuitement en Californie… C’est archi faux.
Les enfants qui ont entre 5 ans moins 3 mois et 5 ans moins 1 jour ont le droit d’avoir une année scolaire supplémentaire, avant leur entrée en Kindergarten. Effectivement c’est gratuit, mais ça ne concerne qu’un quart des enfants (ceux nés entre début Septembre et début décembre) et ils ont au moins 4 ans et 9 mois pour pouvoir faire cette année de TK. En plus, ça leur donne un an de retard par rapport au système français…
Bonjour Sara, cet article de New America cite le rapport du National Institute for Early Education Research (NIEER). Il indique qu’en Californie 37% des écoliers de 4 ans sont scolarisé au Pre-K public pour l’année scolaire 2016-2017. »Nationally, 33 percent of four-year-olds and 5 percent of three-year-olds are enrolled in state-funded pre-K. In California, that percentage jumps to 37 percent of four-year-olds and 11 percent of three-year-olds, putting the state in 14th place among states for access for four-year-olds and 8th place for three-year-olds. » Même si les chiffres, on l’espère, se sont améliorés nous ne sommes probablement pas encore à 50%, vous avez raison. https://www.newamerica.org/education-policy/edcentral/how-does-california-pre-k-measure/
Tellement vrai tout ça! J’aurais aimé tomber sur ce genre d’article il y a deux ans quand on est arrivés en Californie!