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Systèmes éducatifs anglais et français… En choisir 1 ou mixer les 2 !

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Parents expatriés à l’étranger ou rêvant d’une ouverture internationale pour leurs enfants, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur les différences entre les systèmes éducatifs français et anglo-saxon. Ceux qui choisissent d’intégrer une école anglophone, que ce soit en France ou en expatriation, vont découvrir une nouvelle pédagogie et des méthodes d’enseignement différentes. Quelles sont les particularités des systèmes anglais et français ? Quelle complémentarité entre ces écoles, en Angleterre ou ailleurs, et notre école en France ? Peut-on trouver le meilleur des 2 mondes ?

Pour répondre à ces questions nous avons interviewé Juliette, tutrice de Français pour le cours Hattemer à Londres et dont les enfants ont expérimenté les systèmes scolaires français et britannique. Elle anime aujourd’hui en after-school ou Saturday school un programme de Français pour les familles expatriées à Londres, sur la base des cursus Hattemer Academy.

Juliette, à partir de votre expérience personnelle, pourriez-vous nous donner des exemples concrets de différences entre les systèmes éducatifs français et anglo-saxon ?

Avec le système anglais, une grande liberté est laissée à l’enfant, dans l’écriture (il écrit ce qu’il veut) ainsi qu’à travers la pédagogie de l’encouragement perpétuel.

Tous les vendredis, on assiste à un cérémonial de la « star of the week » par classe. Devant toute l’école rassemblée, l’enfant explique pourquoi il a été élu star of the week : exercice de maths réussi qu’il refait devant tout le monde en présence du directeur qui lui pose des questions, essai que l’enfant lit à voix haute ou bien comportement particulièrement exemplaire.

Il y a un certain nombre de semaines à thème (on se déguise beaucoup) : semaine du livre, semaine des maths, semaine du sport (organisée au niveau de l’école et non pas de la classe). En maths, il y a beaucoup de calcul mental et pas de « problèmes ». En anglais, les élèves font beaucoup de rédactions. Une place importante est également laissée à la musique et à l’art.

En comparaison, dans le système français, que je connais, il y a peu de rédactions libres, peu de récompenses et pas de bons points. L’art et la musique ne sont pas pris au sérieux. L’accent est davantage mis sur les enseignements académiques.

Selon vous, quelles sont les forces et faiblesses du système éducatif anglo-saxon ?

La pédagogie de l’encouragement perpétuel est une vraie force et est au cœur du système anglo-saxon. L’enfant est constamment encouragé. On le félicite pour ses réussites. Il acquière une confiance en lui et l’équipe pédagogique y travaille. Je pense que c’est la priorité numéro une.

La discipline fait partie de cette pédagogie : les règles sont affichées dans la cour, le silence est imposé dans les classes, il existe un système de points par « Maison » comme dans Harry Potter et un système de récompenses (house point, head teacher award, stickers distribués à toute occasion).

Les enfants aiment leur école et les parents sont impliqués (on encourage le bénévolat). Le port de l’uniforme est imposé et cela encourage l’esprit d’appartenance. Les adultes font ainsi preuve de bienveillance dans la rue devant les enfants dont ils connaissent l’école.

En ce qui concerne les faiblesses, le système anglo-saxon est très « fun » mais le réveil au collège peut être dur si l’enfant n’a pas le niveau. En effet, la course est rude pour obtenir les bonnes écoles au collège et il n’y a pas de place pour tout le monde. Le passage au collège est très sélectif, il y a peu d’élus et on doit passer un examen difficile : « eleven plus » pour les écoles privées et « grammar schools » pour les écoles publiques (state schools). Les enfants s’y préparent un ou deux ans à l’avance avec des tuteurs privés (pour les familles aisées) ou avec des parents disponibles.

Et celles du système éducatif français ?

Les enfants engrangent beaucoup de connaissances. L’enseignement est très académique, structuré et structurant. Il y a une vraie pédagogie de la réussite. En revanche, on laisse peu de place aux qualités humaines. On pointe les faiblesses. Les enfants peuvent être sous pression.

Comment tirer parti du meilleur de chacun de ces deux systèmes ?

Rencontre entre 2 jeunes lycéennes
Il faudrait reprendre la « self confidence » et bienveillance constructive du système anglo-saxon. On pourrait par exemple reprendre l’idée des maisons : 3 ou 4 maisons par école avec un certain nombre d’élèves par classe. J’aime beaucoup l’idée que les plus grands soient responsables des plus jeunes. Par son comportement positif, on gagne des points pour la maison à laquelle on appartient (on y reste tout le primaire). L’essentiel est de chercher à améliorer ses qualités humaines.

Du système français, on devrait reprendre l’idée de donner le meilleur de soi-même, de faire toujours mieux et de chercher à améliorer ses résultats.

Quelles constatations pouvez-vous faire au sujet des élèves de votre programme de tutorat, qui bénéficient des deux systèmes ?

Le programme de tutorat est structuré et permet d’avancer efficacement en un temps record. À raison de 4 heures de travail par semaine en français, le programme peut être bouclé. C’est plus facile de commencer dès le CP. J’ai constaté que, plus on commence tard, plus c’est difficile d’attraper le train en route.

Mes élèves sont pour la plupart franco-français. Certains ont un seul parent francophone. Ils sont immergés toute la journée dans le système anglais. Plus ils grandissent, plus ils font des anglicismes (« je te manque… »). C’est d’autant plus important de les corriger. Un travail régulier écrit et oral en français est donc absolument nécessaire, le tout dans un environnement bienveillant. Il est absolument stratégique de ne pas les dégoûter de la pratique du français écrit. Ces enfants, plutôt destinés à rester en Grande-Bretagne, sont les ambassadeurs de notre belle langue de Molière. S’ils ont aimé étudier la langue, ils l’exporteront avec talent.

Par ailleurs, des mamans ont pu constater que, grâce à l’apprentissage Hattemer du français, ils ont progressé dans leur anglais écrit : phrases mieux structurées, utilisation plus systématique d’adjectifs qualificatifs, compléments du nom, propositions subordonnées. En bref, ils se sont plus aisément approprié la grammaire, donc c’est gagnant-gagnant !

En conjugaison, Hattemer n’a pas son pareil : l’apprentissage précoce des verbes à tous les temps et tous les modes n’est finalement pas si rébarbatif. En CE2, les enfants maîtrisent les 8 temps de l’indicatif et jonglent avec le passé simple ou le futur antérieur. Et ils s’amusent ! C’est comme s’ils avaient enfin compris le mode d’emploi d’un jeu un peu compliqué. Une porte leur est ouverte et ils en sont assez fiers. Idem pour le subjonctif présent ou passé : en CM, ils réalisent qu’on utilise souvent le subjonctif présent à l’oral. Quant au subjonctif imparfait, ils le retrouvent dans les pièces de Molière pour la plus grande joie de tous. En conclusion, cette maîtrise de la conjugaison française les aide énormément dans leur appréhension des verbes anglais.

Merci Juliette !

Pour ceux qui ne vivent pas à Londres mais qui aimeraient réunir le meilleur de ces 2 systèmes éducatifs, d’autres solutions existent :

  • Suivre un programme bilingue en étant scolarisé en France ou à distance, comme par exemple le programme Anglais bilingue à distance pour les collégiens ou le Dual Diploma France-USA pour les lycéens.
  • Être scolarisé dans une école anglophone ou internationale et suivre un cursus français allégé en complément de cette scolarité. Plus d’infos ici.

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