Ayant moi-même étudié plusieurs années en université aux USA, j’ai découvert les différences culturelles et pédagogiques entre nos 2 pays et je vous propose de partager dans ce nouvel article les conseils que je donnerais à tout étudiant qui veut réussir son année et ses classes d’été dans une université américaine. Bien évidemment, il s’agit de travailler et de fournir de bons résultats académiques. Mais a priori, si vous avez été accepté dans une belle université, vous avez le bagage intellectuel nécessaire. L’enjeu va plutôt se trouver dans votre acclimatation au système et votre capacité à vous organiser. Voici quelques pistes pour tirer votre épingle du jeu le plus rapidement possible.
Faites-vous ami avec le personnel enseignant et administratif
Si vous avez passé le Toefl (ou quand vous le préparerez), vous serez peut-être surpris des différentes situations d’échanges enregistrées entre les étudiants et le personnel administratif ou les professeurs.
En France, il n’est pas rare que l’on mette de la distance (la faute aux étudiants, comme au personnel administratif ou enseignant). A contrario, beaucoup d’Américains qui passent un semestre ou une année en université européenne (notamment en France et en Allemagne) sont très frustrés car ils n’y trouvent pas l’accompagnement et la relation amicale qu’ils ont connus aux USA.
- Concernant le personnel administratif, mieux vaut se lier d’amitié rapidement, car en tant qu’étudiant étranger, vous allez avoir tout un tas de procédures à compléter plusieurs fois dans l’année, et forcément toujours des imprévus. Bureau des admissions, bureau des étudiants étrangers, bureau des affaires financières, conseillers de carrière ou encore même libraires… allez à leur rencontre, rigolez un peu avec eux, posez-leur des questions même sur des sujets évidents. En plus de pratiquer votre anglais avec des personnes d’expérience, un jour ce sont peut-être eux qui vous sortiront du pétrin ou qui vous fourniront une opportunité de carrière.
- Concernant les professeurs, vous vous rendrez compte que la plupart d’entre eux sont très disponibles, très bienveillants, et vraiment au service de leurs étudiants (un email à 23h ? pas de problème pour eux). Au niveau Bachelor, comme les classes comptent beaucoup d’étudiants (20 à 30 souvent), il convient d’attirer l’attention du professeur, qui se fera un plaisir de vous donner du temps en dehors des classes : il y a en effet de nombreuses heures de permanence dédiées, et comme beaucoup de professeurs vivent sur le campus ou à proximité, le « rab » est assez fréquent.
N’oubliez pas aussi que les professeurs sont notés par leurs étudiants, donc vous pouvez (gentiment) tirer parti de la situation. Au niveau Master, les professeurs discutent entre eux de leur rôle respectif auprès des étudiants, et chaque étudiant va se retrouver avec une sorte de « mentor ». Ne négligez pas le professeur qui s’est entiché de vous : il sera non seulement d’une aide hors-pair pour votre carrière, mais il deviendra très certainement un ami, voire un confident (oui, oui, aux USA vous pouvez faire part de vos états d’âme sans que cela ne choque qui que ce soit, au contraire, la mentalité est à l’écoute, la tolérance, et l’entraide).
Faites vibrer votre imagination
Il faut le reconnaître, nous, Français, avons été bridés dans notre imagination : sujets de rédaction imposés, dissertations de philo imposées, programmes de sciences et TDs imposés, orientations politiques subtilement insérés dans les corpus, compression de la pensée qu’il a fallu structurer en démonstrations mathématiques, langage informatique, ou dissertations en 3 points et 3 sous-points suivi d’un petit a, petit b, petit c (clin d’œil à mes amis préparationnaires).
Nous avons une grande force par rapport à nos compagnons américains : notre structure. Mais aussi une grande faiblesse : il nous est souvent difficile de nous laisser aller à étudier et approfondir ce qui nous plaît, en dehors des sentiers battus. Je me souviens de la cohorte d’étudiants pendant mon Master en France qui couraient après les professeurs pour qu’ils leur donnent un sujet de mémoire ! Il semble que la situation évolue, mais pas aussi vite qu’espéré.
Aux USA, les jeunes sont très tôt (primaire, collège, lycée) amenés à proposer leurs propres sujets de travail. L’idée est moins de transformer les petites têtes blondes en « honnêtes hommes » (ah, l’héritage culturel !) que de les amener à trouver ce qui les intéresse dans la vie. A l’université, cela se traduit par les « papers », un exercice au départ très redouté par nombre d’étudiants étrangers. Le principe : quasiment pour chaque classe et chaque semestre, on vous demande d’écrire un (ou deux) mini-mémoire(s) sur le sujet de votre choix, et c’est ce papier qui vous assurera de 30% à 60% de vos crédits.
C’est valable pour les sciences, comme pour les matières littéraires ou techniques. Un peu comme si vous alliez publier un article professionnel pour une revue spécialisée. Après avoir entendu les Américains soumettre les sujets les plus étonnants et ambitieux qu’il soit au professeur au bout de 2 jours alors que vous en êtes encore à essayer de comprendre quel est l’objectif du cours, vous allez éventuellement manger votre stress à coup de scones et de hamburgers.
C’est un pli à prendre ! Il faut se libérer, et se rappeler que c’est votre aptitude à la réflexion, à la recherche, à la critique et à la communication qui sera évaluée. Moins, au final, que votre originalité. Et si vous vous faites plaisir, l’originalité viendra d’elle-même.
NB : Si on vous dit 8 pages, c’est 8 pages, pas 5 pages, et inversement. La règle, c’est la règle… vous pourriez ne pas avoir vos crédits si vous ne respectez pas rigoureusement les contraintes imposées !
Eveillez l’extraverti en vous
Chaque cours va comporter une note de participation. Comprendre : assiduité (présence au cours) + participation active à l’oral. Cette note va peser en général de 20% à 50% de votre note finale pour la matière concernée.
De fait, cela pose une difficulté pour certaines cultures (j’ai vu des Coréens et des Japonais terrifiés), pour les tempéraments introvertis, et même pour certains étudiants américains qui, par exemple, ont été élevés dans des structures à haute exigence chrétienne (humilité et pudeur).
Pour nous Français, les classes de 40 élèves au lycée, en prépa ou en école, ou les amphis de 200 étudiants à la fac ne nous ont pas trop habitués aux méthodes américaines. Je dirais même que dans une assemblée, prendre la parole n’est pas toujours bien perçu car on se méfie de celui qui « prend de la place » (mon expérience quand je suis rentrée en France).
Voilà, aux USA, il faut donner un petit coup de pied dans nos habitudes, et s’entraîner à écouter et prendre la parole de façon à faire réfléchir les autres étudiants et résoudre des problèmes ensemble. C’est un peu ce qu’on appelle la « classe inversée » pour reprendre la terminologie théorique. Au final, dans un cours de Master ou de PhD, le professeur parle assez peu. Il est plutôt un animateur qui va guider ses étudiants (par l’envoi des documents et listes de lecture en amont, puis par les pistes de discussion lancées pendant le cours). Les étudiants assurent eux-mêmes une bonne partie du cours, et complètent leur apprentissage en rédigeant leur paper, avec l’aide du professeur.
C’est là aussi très libérateur ! Surtout que personne ne vous fait jamais vous sentir bête, bien au contraire.
Soyez vigilants concernant l’administratif
La date, c’est la date. La règle, c’est la règle. Je ne le dirai jamais assez. En tant qu’étudiant sous visa F-1, il y a tout un tas de procédures à respecter, avec des dates butoirs. Du numéro de sécurité sociale au renouvellement de bourse, en passant par les tests médicaux… Et bien sûr, il y a la date de remise des papers. Si vous passez la date, vous risquez tout simplement l’exclusion, et vous n’avez que 15 jours pour prendre vos clics et vos clacs et quitter les USA.
Tirez parti des career counselors
Chaque université propose un département de career counseling, dont il faut absolument profiter ! C’est une des grandes richesses du système américain, et peut-être la démarche qui vous sera la plus utile dans la vie. Cela vous motivera également tout au long de l’année, même en hiver. En plus, c’est gratuit.
Oubliez vos préjugés sur le conseiller d’orientation has-been du lycée ou le conseiller carrière formaté et indisponible de votre fac ou de votre école. Le career counseling à l’américaine, c’est autre chose ! Vous y trouverez :
- Des ateliers collectifs ou individuels pour vous entraîner à l’entretien d’embauche, aux lettres de motivation, ou encore à la construction de CVs et de portfolios. N’oubliez pas que les Américains sont les personnes qui savent le mieux se vendre sur Terre : vous y trouverez toutes les armes pour briller dans le monde entier ! (et ça vaut aussi pour les littéraires et les introvertis).
- Un suivi individuel actif pour construire votre plan de carrière : il s’agira d’un mix entre exploration de votre personnalité (tests type Myers-Briggs), coaching émotionnel et professionnel (comme chez un psy de haute volée), identification de tous vos points forts et points d’amélioration pour pouvoir les valoriser sur le plan professionnel, et recherche active des moyens de construire votre parcours (ceci inclut les activités associatives, artistiques, sportives, etc. aussi bien que les stages professionnels). Pour vous mettre dans le bain, vous pouvez consulter les ouvrages suivants : Do What You Are, The Pathfinder, StrengthsFinder 2.0. Les conseillers ne sont pas des psys amateurs ou des fonctionnaires blasés. Ils sont vraiment passionnés par leur métier, très au fait des formations et de la réalité du marché du travail, et totalement dédiés à la réussite de leurs étudiants.
- Des offres très nombreuses de stages et d’emploi pour toutes les disciplines, dans des très belles entreprises ou des très beaux établissements universitaires. Etudiants étrangers welcome! Une aubaine si l’on veut profiter de son OPT à la fin de son cursus.
- Des ressources impressionnantes sur les cursus, les passerelles, les métiers, l’art des entretiens, l’équilibre personnel et professionnel, etc. Si en plus on vous guide parmi tout ça, que demander de plus ?
Ne prenez pas de retard
C’est la première chose qu’on m’a dite quand je suis arrivée en classe prépa. Il y a un peu le même esprit quand on arrive dans une université américaine (du moins au niveau Master et PhD), mais pour des raisons différentes.
En prépa, on construit comme une cathédrale, ou un royaume, pour chaque discipline. Si vous n’avez pas de fondations solides, aucune chance d’ériger un jour un clocher. Si vous n’avez pas de quoi alimenter vos soldats, aucune chance de conquérir un nouveau territoire.
L’université américaine est un peu moins axée sur la progression conditionnelle (maîtriser l’étape 1 avant de passer à l’étape 2). Je vais exagérer un peu, mais c’est plutôt un principe d’accumulation (sujet 1, sujet 2, sujet 3, etc.). Personnellement, je me suis sentie gavée comme une oie : la quantité de connaissances à avaler sur une courte période, et le temps à y passer, parfois au détriment d’une analyse fine (sauf à veiller très, très tard), était un peu déstabilisante.
En sciences, c’est peut-être moins vrai. J’ai rencontré des Français, Libanais, et Hollandais qui me disaient « mais tout ça, je le sais déjà » ! Du coup, la vie leur était plus tranquille.
Veillez quand même à ne pas prendre de retard : si vous avez 5 cours, donc un minimum de 10 livres à lire sur le semestre (eh oui, on lit beaucoup, même en business et en sciences) pour pouvoir participer en classe ou « pondre » un paper, mieux vaut ne pas s’y prendre au dernier moment !
Faites une activité extra-scolaire
Indispensable si vous souhaitez travailler aux USA (OPT ou long terme). C’est souvent les activités extra-scolaires qui font la différence sur le marché du travail. En plus, cela vous permet de travailler votre anglais, de vous vider la tête, et de visiter la région (ex. équitation, golf, musique, etc.).
Faites attention si vous voyagez à l’étranger
Des choses assez bêtes peuvent arriver. Mon expérience : une étudiante allemande a voulu faire un petit voyage au Canada, pour découvrir. Elle a voulu revenir aux USA… Hop, direct l’expulsion. Elle n’avait en effet pas vu qu’elle devait demander un visa spécifiquement pour se rendre au Canada. Et expulsion, cela signifie aucun droit de retour aux USA. La propriétaire de son immeuble s’est retrouvée avec toutes ses affaires et son vélo sur les bras. Véritable casse-tête par la suite ! Sans parler des frais d’université, que, dans son cas, elle avait payés.
Ces conseils pour étudier aux Etats-Unis vous donnent envie d’en lire plus? Découvrez ceux d’un professeur d’une grande université américaine qui a écrit (en anglais) ses 30 tips pour tout étudiant qui veut réussir son année universitaire.
Article rédigé par Anne-Lise Bighinatti, CEO TradeSherpa.
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