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La scolarité en France après une expatriation : choix d’écoles, inscription, adaptation

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Après de belles années en expatriation, vous pensez à votre retour en France, à moins que ce dernier ne soit déjà officiel ? Comme à l’aller, le parcours retour sera probablement mouvementé. Que vous soyez partis avec vos enfants ou que vous ayez fondé, voire agrandi votre famille à l’étranger, la question de leur nouvelle scolarité va être au cœur de vos préoccupations.

Quelle école choisir pour conserver leur bilinguisme ? Comment s’y retrouver parmi tous les processus d’inscription ? Comment vont-ils s’adapter au système scolaire français qu’ils n’ont peut-être jamais connu ? Pas de panique ! Vous trouverez dans cet article des réponses aux modalités d’inscription et au type de scolarisation, ainsi que des partages d’expérience de familles venant de rentrer en France et qui nous parlent de l’adaptation de leurs enfants dans leur nouvelle école.

2 enfants sont leur rentrée scolaire en France après une expatriation

Le panorama des écoles et programmes internationaux

De retour en France et en fonction de votre lieu de résidence, vous aurez (peut-être) le choix entre un programme « classique » et des programmes faisant la part belle aux langues étrangères. Dressons le panorama…

1. Les écoles « classiques » publiques ou privées

Elles offrent en langues le programme officiel de l’Éducation nationale, soit peu ou prou ce que vous avez peut-être connu avant votre départ. En France, l’école publique est sectorisée. Votre future école dépendra donc de votre adresse et des places disponibles dans les établissements rattachés à votre zone. Le principe de sectorisation ne concerne pas les institutions privées où vous pourrez postuler sans contrainte géographique.

2. Les écoles avec sections internationales, privées ou publiques

Ces écoles permettent à leurs élèves de bénéficier d’un cursus et d’un environnement bilingue et biculturel. Elles existent du primaire au lycée. Elles proposent le Baccalauréat général et le Bac Français International (BFI).

Les sections internationales ont des attentes académiques élevées et les horaires y sont plus lourds du fait des enseignements spécifiques en langues étrangères. Au primaire les élèves ont 3 heures d’enseignement de la langue vivante de leur choix. Au collège les élèves ont 6 heures supplémentaires d’enseignement en langue étrangère : 2h d’histoire-géo, éducation civique et 4h d’études de la langue auxquelles s’ajoutent les 4h d’études du tronc commun. Au lycée, l’enseignement s’intensifie avec jusqu’à 8 heures supplémentaires.

 EN SAVOIR PLUS »  Pour mieux comprendre les sections internationales et savoir lesquelles existent dans votre académie, lisez notre article Section internationale, mode d’emploi.

3. Les sections bilangues proposées au collège

Les classes ou sections bilangues permettent l’apprentissage de deux langues vivantes dès la sixième, au lieu de la cinquième pour les autres élèves. Il s’agit d’une option facultative qui a pour objectif de donner aux élèves un niveau « première langue » aux deux langues étudiées simultanément. Pour cela les élèves ont six heures d’enseignement de langues par semaine, soit 3h pour chaque langue.

4. Les sections européennes ou de langues orientales (SELO) au lycée

Les sections européennes ou de langues orientales sont proposées de la seconde à la Terminale avec la possibilité d’obtenir au Baccalauréat la mention « Section européenne » ou « Section de langue orientale ». Comme dans les sections binationales ou internationales, l’enseignement d’une ou plusieurs disciplines non linguistiques est dispensé dans la langue de la section. Les disciplines peuvent être, au choix de l’établissement : l’histoire-géographie, les mathématiques, les sciences de la vie et de la Terre, l’EPS, etc.

5. Les sections binationales au lycée

Ces sections préparent à l’obtention d’un double-baccalauréat : le bac général français et le diplôme équivalent d’un des 3 pays partenaires. Les élèves visent ainsi l’Abibac (baccalauréat et « Abitur » allemand) ou le Bachibac (baccalauréat et « Bachiller » espagnol) ou l’Esabac (baccalauréat et « Esame di Stato » italien).
Ces sections sont très exigeantes puisque les élèves suivent un parcours élaboré conjointement avec le pays partenaire, et ils doivent réussir des épreuves de 2 examens différents. Ces diplômes leur permettront de postuler aux universités des 2 pays.

6. Les écoles internationales

Ces écoles privées sont homologuées par les pays dont elles enseignent la langue. Les élèves pourront y suivre des cursus étrangers et préparer des diplômes comme le High School Diploma (USA), le A-Level (UK) et bien sûr l’IB (International Baccalaureat). À l’origine ces écoles s’adressent aux populations étrangères et binationales souhaitant passer les diplômes de leurs pays d’origine. Si vos enfants sont actuellement scolarisés dans ces cursus locaux, peut-être souhaitez-vous qu’ils terminent leur scolarité dans le même système scolaire.

 EN SAVOIR PLUS »  Pour plus d’information sur tous ces programmes consacrés aux langues étrangères, lisez notre article De la maternelle au lycée, s’y retrouver parmi tous les programmes internationaux.

Et dans la réalité…

Vos enfants ont vécu dans un ou plusieurs pays étrangers, ils y ont appris la langue et découvert la culture. Pour maintenir leur bilinguisme et leur biculturalisme il serait préférable de choisir un établissement offrant une dimension internationale, voire un double diplôme si vos enfants étaient scolarisés dans les cursus de leur pays. Seulement dans la réalité, le choix n’est pas du côté des familles.

En novembre 2019, Emmanuel de Tournemire, coordonnateur de l’offre scolaire internationale en Ile-de-France, confiait à FemmExpat que 78% des familles francophones en retour d’expat scolarisent leurs enfants dans des écoles « classiques », c’est-à-dire sans dimension particulière concernant les langues. Ce chiffre peut paraître étonnant à première vue car nous imaginons que la grande majorité des familles voudrait inscrire leurs enfants dans une école à dimension internationale. Seulement si l’offre peut sembler variée et si elle ne cesse de s’étoffer, les places sont rares et beaucoup sont proposées par des écoles privées, sous ou hors contrat, dont les frais de scolarité ne conviennent pas à toutes les bourses.

Rentrée des classes en France pour 2 petites filles ex-expatriées

Les modalités d’inscription après une scolarité à l’étranger

En fonction de l’âge de vos enfants, de leur scolarité précédente et de vos ambitions pour leur nouvelle école, le processus d’inscription sera plus ou moins facile.

1. Vos enfants étaient scolarisés dans un établissement homologué par l’Éducation nationale

Dans ces établissements homologués, comme les « Lycées français » par exemple, les enfants ont suivi le programme scolaire français. À la fin de l’année scolaire, du primaire au lycée, ces écoles remettent un avis de passage en classe supérieure qui devra être respecté par l’établissement d’accueil en France, qu’il soit public ou privé sous contrat.

Attention, être scolarisé dans ces établissements ne donne pas priorité pour entrer dans les sections internationales, bilangues, binationales ou européennes.

2. Vos enfants étaient scolarisés dans un établissement local ou international

Pour avoir les réponses à mes interrogations, j’ai eu l’opportunité d’interviewer Bruno Eldin, Attaché de coopération éducative à l’ambassade de France à Washington aux États-Unis.

L’inscription à l’école maternelle

Que vous reveniez d’expatriation ou que vous n’ayez jamais changé de ville en France, votre traitement sera identique. L’instruction est obligatoire en France à partir de 6 ans. L’accueil en maternelle publique dépendra donc de votre adresse et des places disponibles.

L’inscription à l’école primaire

  • L’école primaire publique

« L’école publique a le devoir de prendre votre enfant au niveau scolaire correspondant à son âge, peu importe s’il était auparavant scolarisé en système français ou non. », explique Bruno Eldin. « Votre inscription se fera auprès de la mairie, comme dans le cas d’un changement de domicile. » La clé de l’inscription à l’école publique sera donc votre adresse de résidence.

Marion vit en Norvège quand elle apprend la mutation de son mari à Toulon. Elle contacte alors la mairie pour savoir s’il y a de la place dans les écoles rattachées aux quartiers dans lesquels elle aimerait s’installer. « L’employé de mairie m’a répondu que sans preuve de domicile, aucune information ne me serait donnée. » me raconte-t-elle. « Or je ne voulais pas risquer de nous installer dans un quartier pour apprendre ensuite que les écoles étant complètes, ma fille devrait aller dans un autre quartier. J’ai donc investigué du côté des écoles privées car il était important pour ma fille de savoir dans quelle école elle irait. L’idée de quitter la Norvège était déjà déstabilisante, j’avais besoin de la rassurer. Nous avons finalement eu notre adresse définitive 2 jours avant la rentrée scolaire, heureusement que l’école était déjà bouclée ! »

Une petite filee en classe de CPLorsqu’elle rentre à Paris après avoir vécu 9 ans à Toronto, Marjorie et sa famille sont hébergés chez sa mère qui lui fait une attestation d’hébergement. « Je ne savais pas du tout comment m’y prendre pour inscrire mes enfants à l’école, suite au non des écoles à section internationale qui n’avaient pas de place. C’est ma mère qui a fait les démarches auprès de la mairie et moi j’ai envoyé les dossiers à distance. Sans son aide, nous serions arrivés en plein été devant des écoles fermées. »

Une autre question taraude les familles dont les enfants n’étaient pas scolarisés dans le système français : mon enfant devra-t-il passer des tests de français, voire d’autres matières. Bruno Eldin nous rassure : « Je n’ai jamais vu de test pour entrer à l’école primaire publique. ».

Pour en savoir plus sur l’inscription à l’école publique, consultez le site EduScol.

  • L’école primaire privée

Les écoles privées ne sont pas sectorisées, par conséquent votre absence d’adresse au moment du dépôt de votre dossier ne sera généralement pas un problème. Pour valider l’inscription de vos enfants, l’école vous demandera un certificat de radiation de leur ancien établissement scolaire.

Les écoles privées ont le loisir de recruter leurs élèves, vous devrez donc candidater en déposant un dossier. Si vos enfants n’ont pas été scolarisés dans le cursus français, vous voilà en peine de traduire leurs bulletins scolaires mais même traduits, l’école peut avoir du mal à évaluer le niveau de votre enfant par manque de connaissance du système scolaire en question.

Marion a dû expliquer à la directrice de l’école où elle postulait qu’il n’y a pas de bulletin en Norvège pour l’équivalent du CP. « La directrice a été très compréhensive et m’a demandé de fournir ce que je pouvais pour qu’elle puisse apprécier le dossier de ma fille qui allait entrer en CE1. »

Comment faire pour que l’école puisse comprendre le dossier de votre enfant ?

Quand vous vivez aux États-Unis et que vos enfants ne sont pas dans une école homologuée, nous vous conseillons vivement de contacter Bruno Eldin qui fait un travail impressionnant d’accompagnement des familles dans leur retour en France concernant la scolarité. Son premier soutien sera de produire une attestation de niveau, en français. Basée sur les report cards de vos enfants elle expliquera leur niveau académique de manière claire et compréhensible pour un établissement de cursus français.  « Grâce à ma connaissance du système scolaire américain et en tant qu’inspecteur d’académie, j’ai autorité et compétences pour établir des attestations de niveau qui seront facilement appréciables par un établissement français. Il ne s’agit pas d’un avis de passage, que seul un établissement homologué est à même de donner, mais cela permet aux dossiers de tous les élèves d’être jugés à leur juste valeur, je dirais. »

Dans le cas de l’école primaire, les écarts entre le système scolaire français et les autres ne sont pas nécessairement énormes. Si vos enfants ont été scolarisés dans les systèmes américains ou anglais, ces systèmes sont souvent (mais pas toujours) bien connus des écoles en France. Les enjeux se situent réellement à partir du collège ou les écarts sont plus saillants. Et c’est à ce niveau-là que l’aide de Bruno Eldin sera la plus précieuse.

Alexia et sa famille se sont installés à Rennes pendant l’été 2019. « Pour l’inscription de mon fils en CM2 en école privée, je n’ai pas eu à traduire ses bulletins scolaires. L’école accueille chaque année des élèves venant du système américain et notre cas n’a donc posé aucun problème. »

Quid du niveau de français de mon enfant ? Va-t-il devoir passer des tests ?

Lorsqu’on vit à l’étranger et que nos enfants ne sont pas scolarisés dans une école francophone, le sujet du français nous préoccupe non seulement par souci de transmission de notre héritage linguistique et culturel mais aussi dans l’hypothèse d’une future scolarisation en France.

Les écoles privées ont la liberté de faire passer des tests de français, voire d’autres matières pour évaluer aussi bien les compétences académiques de l’enfant que sa capacité à suivre une scolarité dispensée en français. Dans les faits, peu d’écoles primaires demandent des tests à l’entrée. Par contre, elles vous demanderont de verser au dossier les éléments dont vous disposez pour expliciter le niveau oral et écrit en français de vos enfants. C’est là que vous joindrez vos attestations de suivi du CNED, Hattemer, Griffon, Legendre, Ste Anne, etc. (lisez notre dossier si vous devez choisir l’un de ces cours pour anticiper votre retour). Vous expliquerez dans une lettre si vous avez-vous-même donné les cours de français, si vous avez fait appel à un professeur particulier qui pourra joindre une lettre, etc.

Si au primaire les tests ne sont pas vraiment un sujet c’est une toute autre histoire au collège.

L’inscription au collège

À partir du collège, globalement les choses se corsent à tous points de vue.

  • Le collège publique (hors sections spéciales)

Comme nous l’avons dit, si vos enfants viennent d’un établissement scolaire homologué par l’Éducation nationale, du primaire au lycée, ils intègreront le niveau indiqué sur leur avis de passage.

Si vos enfants étaient scolarisés hors système français, les choses se compliquent car à l’inverse du primaire où prévaut une règle nationale basée sur l’âge de l’enfant, au collège les démarches d’inscriptions varient selon chaque académie, voire entre les établissements d’une même académie.

Constituer un dossier solide sera d’autant plus important que l’établissement d’accueil peut décider de ne pas prendre votre enfant au niveau scolaire correspondant à son âge. Il peut arriver que l’établissement accepte votre enfant dans la classe inférieure, mais presque jamais plus bas. Une attestation de niveau sera donc importante pour évaluer le dossier de votre enfant, ainsi que tous les efforts qu’il aura fait pour l’apprentissage du français.

Bruno Eldin explique « Chaque académie fixe ses propres modalités d’inscription. Si toutes exigeront un dossier, certaines demanderont à l’élève de passer un ou plusieurs tests, écrits et/ou oraux. Certaines écoles exigent que les tests aient lieu en présentiel, ce qui est évidemment compliqué quand on vit à l’étranger. Il m’arrive d’intervenir auprès d’établissements français pour leur demander une dérogation afin que l’élève passe l’examen dans son école ou dans les locaux de l’ambassade où je serai le garant de la régularité de l’examen. Cela peut s’organiser aussi avec votre consulat. J’interviens aussi pour demander la faisabilité des oraux via Skype, mais je n’ai pas toujours gain de cause malheureusement. ».

  • Le collège privé (hors sections spéciales)

Vous le savez, les collèges privés ont la liberté de sélectionner leurs élèves selon leurs propres modalités de candidature. Pour les familles vivant aux USA, sachez que Bruno Eldin vous accompagne aussi dans vos démarches auprès d’un établissement privé. « Le choix de l’établissement relève de chaque famille, je n’ai aucun avis ni conseil à donner même si on me le demande. J’accompagne les familles dans leur démarche d’inscription auprès d’établissement publiques comme privés. » souligne Bruno Eldin.

L’inscription aux établissements proposant des sections spéciales, collège et lycée

Une sélection difficile dans le privé comme dans le public

Même si ces sections sont proposées par des établissements publics, le principe de sectorisation ne vous donne aucune priorité pour intégrer ces sections spécifiques. Le processus de recrutement pour ces sections est à la main de l’établissement tout comme dans le privé.

Lorsque Stéphanie et sa famille forment le projet de rentrer en France après 5 ans au Royaume-Uni, ils savent qu’ils veulent s’installer à Rambouillet dans le secteur d’un collège publique proposant une section bilangue. « Je n’étais pas inquiète sur l’entrée en 6ème de mon fils du fait de notre adresse. Son dossier scolaire était bon à l’école publique anglaise et il avait suivi les cours de français du samedi de l’association FLAM de notre ville.  Par contre, je n’avais aucune certitude concernant son intégration en section bilangue. Si son anglais était un atout, il n’avait jamais fait d’allemand. »

2 enfants rentrent en 6ème en France après une expatriation

Le casse-tête des dossiers, des tests et des calendriers d’admission

En fonction de votre lieu de résidence, vous n’aurez pas toujours le choix entre plusieurs établissements de votre goût. On pourrait se dire qu’en vivant en Île-de-France le choix sera plus vaste et les probabilités plus élevées d’inscrire son enfant dans un établissement à section internationale, bilangue, européenne, etc. La réalité est plus complexe. Du fait de leur autonomie dans le processus de recrutement des élèves, vous devrez vous plier aux différentes demandes de dossiers et aux calendriers d’admission hétérogènes qui compliquent la vie des familles.

Marion a quitté la Norvège pour la France avec ses 2 enfants en 2007. Elle y restera 6 ans puis ils vivront 4 ans au Royaume Uni où les enfants seront scolarisés à l’école publique, avant de revenir à nouveau en France en 2018. Adèle doit rentrer en Terminale et Tim en 6ème. « Le Bac étant sur 2 ans avec les épreuves anticipées, Adèle a dû intégrer le lycée en 1ère. » raconte Marion. « Après toutes ces années à l’étranger, les enfants et nous souhaitions une scolarité en section internationale. Nous avons postulé à 4 écoles. Nous avons fait 4 dossiers différents et les enfants ont passé des tests écrits et oraux d’anglais pour chaque école. Pour l’école de Buc, j’ai dû payer un examinateur pour surveiller les épreuves écrites de ma fille dans son école anglaise. Pour les écoles de Sèvres et de Saint Cloud, nous sommes venus en France à Pâques pour passer les examens. Pour la 4ème école vous avons laissé tomber les examens et donc abandonné nos candidatures. Les 2 enfants ont été acceptés à Sèvres. Nous avions 2 semaines pour confirmer leur inscription et payer 700€ par enfant, non remboursable. Or Adèle voulait vraiment l’école de Buc qui nous avait aussi dit oui pour elle au lycée, mais qui ne donnerait pas la réponse pour son frère au collège avant 1 mois et demi. Que faire si son frère n’était pas pris à Buc ? »

Même difficulté pour Marjorie. « Mes 2 enfants étaient pris à l’EIB Monceau en mars en CP et 6ème. J’avais 2 semaines pour valider leur inscription. Or j’attendais la réponse des collèges publiques Camille Sée (15ème), Honoré de Balzac (17ème) et Maurice Ravel (20ème) qui n’arriveraient pas avant début juin. Que faire ? Dire oui à une école privée coûteuse au risque de perdre une partie des frais de scolarité ? Attendre juin pour savoir si ma fille serait prise avec une politique de priorité aux fratries qui me donnerait 2 scolarités gratuites ? J’ai finalement dit non à Monceau et ma fille a été admise dans le publique. C’était un gros pari. » D’autant que Marjorie en était à sa 2ème tentative pour inscrire ses enfants dans des sections internationales.

Chères ou moins chères, toutes les écoles ont de longues listes d’attente. Peu d’élèves partent chaque année et les meilleures chances d’y rentrer sont dans les classes charnières de 6ème et 2nde. En rentrant de Toronto, Marjorie avait déjà déposé des dossiers dans plusieurs écoles. Malgré des retours très positifs sur le profil de ses enfants, les écoles lui disaient qu’elles n’avaient pas de place dans les classes de GS et CM2. « Clairement, le fait de postuler en 6ème pour ma fille a été un facteur de poids dans son admission, puisque 30 places étaient ouvertes en 6ème, pas seulement une ou deux laissées par des enfants quittant l’école. »

L’adaptation à la nouvelle école

Même pour les enfants scolarisés dans un cursus français à l’étranger, l’adaptation n’est pas anodine. En effet, ces écoles françaises à l’étranger sont biculturelles et bien que le curriculum soit celui de l’Éducation Nationale, les pratiques, les consignes, les devoirs ou la liberté laissée aux élèves ne sont pas les mêmes qu’en France. Après 3 ans au lycée franco-mexicain, ce collégien s’étonne : « Il y a des panneaux Interdit de faire ceci ou cela partout ! ».

Pour les enfants n’ayant jamais connu le système français de près ou de loin, les différences sont souvent importantes. Voici les premiers étonnements des enfants dont j’ai interrogé les mamans :

« Je n’ai pas le droit de me lever en classe même si j’ai fini mon travail. »

« Pourquoi les enfants crient-ils autant dans la cour de récré ? »

« C’est quoi tous ces devoirs !! »

« Ça veut dire quoi par cœur ? »

L’adaptation académique

Pour la plupart des enfants, l’école française a été surprenante par sa rigueur académique : tenue des cahiers, manière d’écrire, présentation des exercices et des leçons, etc. Les devoirs à la maison et leur quantité ont souvent été un coup dur tant pour les enfants que les parents. « Heureusement que j’étais disponible les premiers mois pour aider Raph avec ses devoirs, il n’en avait jamais eu en Angleterre. » se souvient Stéphanie. Marjorie rit en disant : « Mon fils ne connaissait pas le mot vocabulaire ! » L’apprentissage par cœur en a aussi surpris plus d’un.

Côté étude de la langue française, les enfants se sont tous adaptés. Les heures passées à faire le CNED, le cours Ste Anne ou les cours avec Maman se sont révélées payantes. Mais ce n’était pas le cas du fils aîné d’Alexia qui raconte « Pendant nos années aux USA, mon fils a toujours refusé de travailler son français écrit. Il avait appris à le lire tout seul cependant. Il est arrivé en France en CM2 et les premières semaines ont été difficiles en cours de français ! Mais il s’est accroché et grâce à ses facilités et au soutien de la maitresse, il a rattrapé presque tout son retard en janvier. »

L’adaptation aux règles de vie de l’école

La rigueur française se retrouve aussi dans les règles de vie en société au sein de l’école.

Les enfants d’Émilie ont fait leur rentrée en Alsace en septembre 2019, auparavant ils étaient à l’école publique à Birmingham. « Mon fils aîné est entré en CM1 à l’école publique locale car il n’y a pas d’école bilingue en anglais dans notre ville. Sa différence n’a pas été très bien accueillie par la maîtresse qui n’avait pas d’expérience avec les enfants venant de l’étranger. Mon fils avait l’habitude de se lever à la fin de son travail ou d’aller aux toilettes s’il en avait besoin. Dans sa classe cela n’était pas permis et la maîtresse a tout de suite exigé qu’il se mette dans le moule sans lui laisser le temps de prendre ses marques et de s’adapter à son nouvel environnement. Pour apaiser la situation j’ai fait appel à la psychologue scolaire par l’intermédiaire des Réseaux d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté (RASED). »

Se faire des amis

3 copains d'école

Côté copains, les enfants ont noué des relations plus ou moins vite selon leur personnalité.

A son 2ème retour en France, Marion a été très soucieuse de la question de l’intégration et de l’adaptation de ses enfants. En se renseignant sur les groupes Facebook d’anciens expatriés, elle lit les difficultés de certains enfants : « Mes enfants étaient considérés comme des ovnis. Les autres jalousaient leur anglais, etc. » Pour elle, il était important de choisir une école qui saurait d’une part être bienveillante et compréhensive envers ses enfants qui avaient quitté le système français depuis bien longtemps. D’autre part, elle souhaitait que ses enfants puissent retrouver d’autres TCK (Third Culture Kids) comme eux.

Les conseils d’ex-expats

« J’ai vécu mon retour en France comme une nouvelle expatriation, au sens où je ne suis pas arrivée en terrain conquis où tout m’était dû. Cela a facilité mes différentes démarches, notamment auprès des écoles. »

 

« Il faut avoir les nerfs solides ! (rires) Rappelez-vous de vos débuts dans votre pays d’expat cela n’a pas toujours été facile. Où en étions-nous en décembre de la première année ? »

 

« Contactez les écoles le plus tôt possible, faites de nombreux dossiers, appelez souvent le directeur / la directrice pour montrer votre motivation. Il faut avoir plusieurs plans. »

 

« Il est important de nouer une relation de confiance avec les enseignants. Évitez de trop comparer les systèmes et de donner le sentiment que vous jugez (mal) le système français. »

Pour les familles vivant aux États-Unis et au Canada et qui auraient besoin d’une attestation de niveau, contactez Bruno Eldin : bruno.eldin@diplomatie.gouv.fr

La grande majorité des interviewées recommande le groupe Facebook « Retour en France après une expatriation – Groupe d’entraide » qui a été mine d’échanges et d’infos sur les sujets liés au retour.

Conserver le bilinguisme et l’ouverture culturelle

Les familles qui n’ont pas pu inscrire leurs enfants dans une école à dimension internationale ont toutes un nouveau challenge : conserver le multilinguisme de leurs enfants !

Devenir Bilingue est là pour vous aiguiller à travers toutes les solutions pour continuer à apprendre et à pratiquer les langues, pour les enfants comme pour les adolescents. Découvrez nos conseils pour maintenir des acquis linguistiques une fois rentrés en France ou repartis vers une autre destination !

Et en bonus, notre guide à télécharger gratuitement :


Je tiens à remercier Bruno Eldin pour ses éclairages précieux, mais également Alexia, Sophie, Emilie, Stéphanie, Marjorie, et Marion qui m’ont confié leurs histoires d’expat et d’ex-expat. Merci pour la générosité de votre partage d’expérience qui, j’espère, aidera les prochaines familles dans leur retour en France.

Logo Ex-expat le podcastAprès 10 ans en expatriation à Toronto, Marjorie Murphy revient en France. Cette expérience plus chaotique que prévue a donné naissance à Ex-expat le podcast. À travers des témoignages d’ex-expats et des conseils d’experts, ses podcasts abordent tous les sujets du retour comme le choc du retour au travail, l’adaptation de la famille, le manque, etc… sans oublier les petits conseils administratifs !

16 COMMENTAIRES

  1. Bonjour,
    Comment se passe l’inscription en école primaire et maternelle pour des enfants venant des États-Unis qui ont toujours fait l’école à la maison ? Est-ce qu’ils devront attester leur niveau de français ? Ils étaient déjà venus en France 6 mois dans le passé et avaient commencé à apprendre la langue avec un professeur particulier. À leur retour aux États-Unis, ils ont continué aussi les cours particuliers à la maison, donc ils ont un très bon niveau et arrivent à s’exprimer aisément. Et deuxième question, est-ce qu’il est possible de les inscrire aux écoles respectives au mois de septembre ? Ils ont eu pas mal de contre-temps dans les démarches pour les visas, du coup ils arriveront mi août, voire fin août. Est-ce qu’il sera trop tard pour trouver des places dans les écoles publiques ?

    • Bonjour Alba, comme mentionné dans l’article vous ne devriez pas avoir de souci si vous souhaitez les inscrire dans une école publique car l’école doit les prendre dans le niveau scolaire qui correspond à leur âge (pour la maternelle et l’élémentaire). La seule inquiétude sera de savoir s’il restera de la place si vous les inscrivez tardivement (vous ne pourrez pas les inscrire sans avoir votre adresse de domicile). Car si les classes sont complètes dans l’école de votre district, il se peut qu’on les envoie dans une école plus éloignée. Donc l’objectif est d’avoir une preuve de domicile le plus rapidement possible pour pouvoir les inscrire au plus tôt.

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